Le long chemin de Troyes

29/04 - 07:00 | Il y a 9 ans

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Relégués depuis plusieurs journées, les Troyens s’apprêtent à finir une saison cauchemardesque émaillée de cinglants revers et de grandes déceptions.

La forme de Troyes depuis le match aller

Avec seulement trois matchs gagnés en L1 cette saison, Troyes n’a jamais été en forme. Après la courte défaite du mois d’octobre à Bordeaux (1-0), l’ESTAC a poursuivi sur le chemin de la méforme, en alternant les signes d’espoir et les grosses déconvenues. Capables de tenir le LOSC en échec en novembre (1-1), les Troyens ont aussi explosé à Lorient (4-1) ou plus logiquement à Paris (4-1). Sans gagner, mais en ne perdant pas leur trois derniers matchs de la première partie de championnat, les anciens joueurs de Jean-Marc Furlan auraient pu se rassurer, notamment avec un nul intéressant face à Monaco (0-0). Mais le mois de janvier a été fatal pour les maigres ambitions troyennes avec deux déculottées à domicile comme à l’extérieur. Rennes est d’abord venu s’imposer au Stade de l’Aube (2-4) et Lyon a ensuite infligé une légère correction à Troyes (4-1). Une victoire 1-3 sur le terrain de Lille avait redonné le sourire au vestiaire troyen, mais les joueurs aubois sont vite retombés dans leurs travers. Peu aidés par les départ de Paul Bernardoni et Jimmy Cabot après ce match à Lille, les Troyens ont ensuite déroulé complètement le fil les menant à la L2. Après une victoire sur le terrain du Gazélec en février (2-3), l’ESTAC a signé une série de sept revers consécutifs, avec en point d’orgue une défaite monumentale sur son terrain face au PSG (0-9). Une série infernale arrêtée par une victoire face à Reims il y a deux journées (2-1) avant de chuter de nouveau lourdement à Montpellier (4-1). À l’image d’une saison en enfer pour un promu à qui rien n’a jamais souri et qui devra chercher au moins 4 points pour laisser à Arles-Avignon le record du plus faible nombre de points pour un 20eme de L1 (20 points en 2010).

Le point sur l’effectif

Difficile pour Troyes d’exister au plus haut niveau avec un effectif qui n’a jamais pu trouver de stabilité défensive. Très rapidement blessé au genou lors du match à Marseille en août, le prometteur défenseur Mory Koné a fait défaut à son équipe. Mathieu Saunier et ses 25 matchs a été le taulier utilisé par tous les entraîneurs, alors que Rincon, la figure emblématique de la défense centrale troyenne, n’est revenu sur les terrains que très récemment après plusieurs mois d’absence. Dusan Veskovac arrivé de Toulouse n’a pas été le meilleur choix du mercato troyen avec seulement 13 matchs au compteur. Un mercato contraint par de gros problèmes financiers obligeant le club à s’attacher les services de joueurs libres ou prêtés. Chris Mavinga et Mouhamadou Dabo, joueurs expérimentés à l’échelle de la L1 et passés par de très bons clubs français et étrangers, auraient pu apporter ce surplus de qualité, mais le premier nommé n’a pas réussi à se relancer après des moments compliqués à Reims, et le deuxième ne s’est pas transformé en sauveur d’une défense à l’agonie. Au milieu de terrain, les fidèles Benjamin Nivet (39 ans, 2 buts, 3 passes décisives), Yoan Court, Fabien Camus (4 buts, 2 passes décisives), Jessy Pi (3 buts), Stéphane Darbion, et le polyvalent Lossemy Karaboué et ses 29 matchs, ont été vaillants mais n’ont pas réussi à donner assez d’impulsion au jeu troyen. À leur décharge, l’ESTAC a fait avec une attaque fantôme cette saison. Corentin Jean, acheté par Monaco puis prêté à Troyes dans la foulée l’été dernier, n’a pas été à la hauteur du potentiel décelé deux ans auparavant, au moment de son éclosion en professionnels. Auteur de 3 buts en 32 matchs, le jeune attaquent de l’ESTAC a manqué sa saison. Derrière lui, ni Babacar Gueye (11 matchs ; 1 but), ni le jeune Colombien Brayan Perea (12 matchs, aucun but) n’ont représenté de vraie alternatives au profil de Jean. Avec des lacunes importantes dans toutes les lignes, les joueurs du président Masoni ne pouvaient pas rivaliser cette saison.

3 questions à... David Hamed (Défenseur de l’ESTAC entre 1998 et 2003)

WebGirondins : Troyes a vécu une saison catastrophique. Vous attendiez-vous à un tel niveau de difficulté en début de saison ?

David Hamed : Oui et non. Oui parce qu’on savait que le club était très mal financièrement et il y a eu cette interdiction de recrutement qui a plané un bon moment. On sentait que ce serait difficile car le club n’avait pas le possibilité de recruter. Après, il y avait une vraie bonne dynamique issue de la saison dernière qui était exceptionnelle. Jamais un club n’avait connu un tel niveau de jeu en L2. Cette année le beau jeu à la troyenne est à la cave. Les circonstances ont fait qu’il y a eu des blessés de longue durée dont quelques joueurs confirmés, il y a eu des suspensions et un jeu qui n’a pas voulu prendre. On espérait forcément que le club se maintiendrait vu le jeu affiché la saison dernière. Malheureusement, même dans le jeu, la chance n’était pas au rendez-vous. Il y a toujours eu un petit quelque chose pour pénaliser l’ESTAC. Au final, la mayonnaise n’a pas pris, tout simplement.

WebGirondins : Plusieurs entraîneurs sont passés cette saison à la tête du club. Quel regard portez-vous sur ces mouvements ?

David Hamed : Avec Jean-Marc Furlan c’était bien. Il connaissait le club, c’était sa troisième montée avec l’ESTAC. C’est un bon coach, maintenant est-ce que la L1 n’est pas un cran un peu trop haut pour lui ? C’est difficile à dire. Claude Robin a ensuite pris l’équipe, et je pense que c’était la personne idéale. Il était déjà au sein du club, directeur du centre de formation. Il n’y avait pas de nouveau salaire à verser, il fallait simplement finir la saison avec lui car celle-ci était déjà pliée. Pourquoi avoir changé de nouveau ? Ce sont des explications que je n’ai pas. Depuis noël on savait que Troyes descendrait. Quant aux nouveaux entraîneurs, ce sont déjà des salariés du club, ce qui est une bonne chose. Ça n’aurait servi à rien de prendre un nouveau coach étant donné que la messe était dite, et cela aurait mis la pression sur le club en cas d’échec, notamment financièrement. Olivier Tingry est une bonne personne, j’ai joué quelques fois contre lui. Quant à Mohamed Bradja, j’ai joué avec lui, c’est un super mec, et quelqu’un de bosseur. Ces gens-là représentent de bonnes solutions pour le club, même si pour moi la meilleure idée aurait été de continuer avec Claude Robin.

WebGirondins : Comment voyez-vous ce prochain Troyes-Bordeaux ?

David Hamed : Ça va être délicat. Je ne sais pas où en est Bordeaux par rapport à ses objectifs. Je pense que ce sera simplement un match pour rien. Aucune des deux équipes n’a quelque chose à jouer. Troyes a seulement l’objectif d’essayer de gagner des matchs. Ce qui est bien c’est que l’ESTAC joue le jeu et ne fausse pas le championnat, on l’a vu avec la dernière victoire à domicile face à Reims. Ils auraient pu lâcher, mais ils ont joué le jeu. Les deux clubs n’ont plus rien à gagner ni à perdre. Troyes va vouloir essayer de gagner, évidemment. J’espère pour Bordeaux qu’ils ne feront pas partie des rares équipes à perdre face à l’ESTAC. Si les Girondins ne reviennent pas avec 3 points du Stade de l’Aube, ce ne sera vraiment pas terrible en termes d’image. Intrinsèquement, les joueurs sont de meilleure qualité à Bordeaux qu’à Troyes, mais les choses ne tournent pas comme elles devraient tourner aux Girondins. 

Par Florian RODRIGUEZ

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