Lyon, le bon dauphin
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Impressionnant pendant une bonne partie de la saison, l’OL a baissé pavillon à de très rares périodes. Des moments qui lui auront coûté cher dans sa quête de titre, mais qui n’auront pas empêché la belle saison lyonnaise d’être validée par une qualification directe en Ligue des Champions.
La forme de l’équipe
Au mois d’août, personne n’imaginait Lyon capable de pousser le PSG dans ses derniers retranchements, obligeant l’ogre parisien à chercher le titre dans les ultimes moments du championnat. La saison lyonnaise a débuté par des résultats catastrophiques, symbolisés par deux défaites face à deux promus (à domicile face à Lens 0-1 et à l’extérieur face à Metz 2-1). Un prologue totalement manqué, marqué par trois revers en trois rencontres de championnat, et par une élimination en barrages de l’Europa League face au très modeste club roumain du FC Astra Giurgiu. Ces résultats qui semblaient diriger le Lyon d’Hubert Fournier vers un exercice difficile, ont au contraire réveillé les Gones qui ont lancé leur saison sans se retourner. Un nul décroché au Parc en septembre (1-1), des victoires à domicile face à Monaco et Marseille (2-1 et 1-0), quelques roustes infligées à des adversaires de bon calibre à Gerland (3-0 face à Lille et 5-1 contre Montpellier) et une victoire retentissante à Bordeaux (0-5), ont notamment propulsé l’OL vers le sommet à la fin des matchs aller. Malgré un mois de février léthargique pour une équipe qui joue le titre (6 points pris en 5 matchs), le club lyonnais, qui avait fait le plein en janvier, a continué de s’accrocher au fauteuil de leader. Une place ensuite abandonnée à Paris à la 30eme journée après une déroute à domicile face à l’OGC Nice de Claude Puel (1-2). Après avoir tenu pendant quelques journées à une seule longueur du PSG, Lyon a lâché la bride après le match nul concédé à domicile face à Saint-Etienne (2-2), avant d’enterrer, probablement définitivement ses espoirs de titre deux journées plus tard avec le coup de massue reçu à Caen (3-0). Malgré la défaite et le titre quasiment empoché par le PSG, la défaite de Monaco à Marseille, relégué à 6 points de Lyon avec un goal-average très nettement défavorable (20 buts d’écart), a assuré Lyon de terminer sa saison avec de belles couleurs, celle de la future Ligue des Champions.
Les joueurs, l’effectif
Les Lyonnais disposent d’un effectif riche. Riche de jeunes talents formés au club devenus des éléments à fort potentiel marchand pour l'entité lyonnaise. Armés d’attaquants qui ont explosé cette saison comme Alexandre Lacazette meilleur buteur du championnat avec 27 buts, ou de milieux très offensifs comme Nabil Fekir auteur de 12 buts et 9 passes décisives, les Lyonnais ont fait mal à beaucoup d’adversaires. Dotés d’un milieu extrêmement solide, composé de récupérateurs-relanceurs comme Maxime Gonalons, Corentin Tolisso ou Jordan Ferri, tous formés au club, les Lyonnais ont très peu de points faibles dans l’utilisation du ballon. Même le secteur défensif, le 3eme meilleur de L1, a fière allure avec le très costaud Samuel Umtiti dans l’axe, des latéraux très complets comme Henri Bedimo ou Christophe Jallet et l’un des meilleurs gardiens du championnat, Anthony Lopes… Lui aussi pure produit de la maison lyonnaise tout comme son défenseur Umtiti. Toute cette jeunesse, a peut-être manqué d’expérience pour aller au bout de son rêve, celui de remporter un titre de champion de France. Un Yoann Gourcuff, en bonne forme, aurait peut-être penché positivement dans la balance. Malgré les blessures, le joueur formé au Stade Rennais a disputé 17 matchs, inscrivant 3 buts et délivrant 3 passes décisives. Des statistiques qui laissent des regrets du côté de Lyon, au même titre que le retour tardif de Clément Grenier, longtemps blessé, qui aurait apporté des variations bénéfiques au jeu lyonnais dans les périodes de doute. Malgré ces problèmes relatifs, l’avenir lyonnais est radieux avec l’énorme potentiel de son effectif développé grâce à sa stratégie de formation totalement réussie.
Les statistiques
L’analyse du jeu
Lyon est une équipe capable de s’adapter selon les profils présent sur le terrain. Capable de contrer lorsqu’elle utilise un élément comme Njie associé à Lacazette ou de poser le jeu lors des périodes où Gourcuff évolue en meneur, l’équipe lyonnaise a du ressort. De façon générale, l’équipe d’Hubert Fournier a une prédilection pour un jeu posé fait de passes dans les pieds, dicté par ses trois milieux Gonalons, Tolisso et Ferri (maintenant suppléé par Grenier). Ce milieu à trois têtes est l’élément central de l’équipe lyonnaise qui permet ensuite à Lacazette et Fekir de se projeter sans retenue vers l’avant. Lorsque le milieu lyonnais a moins d’impact sur le match, l’équipe lyonnaise fonctionne moins bien. C’est l’impact de ce milieu de terrain qui avait permis à Lyon d’écraser Bordeaux au match aller, mais c’est aussi l’agressivité caennaise dans le coeur du jeu qui a permis au Stade Malherbe d’annihiler les ambitions lyonnaise il y a une semaine. Fébriles en défense, les Lyonnais se sont retrouvés exposés aux attaques caennaises à de trop nombreuses reprises en première période. L’activité et la possession du ballon par le milieu lyonnais est la clef de la réussite de cette équipe qui est capable d’infliger des scores très sévères à ses adversaires lorsque ses éléments offensifs peuvent avoir le ballon assez haut pour combiner. Mais, lorsque les râtisseurs lyonnais ne sont pas au mieux, Lyon est moins présent offensivement et concède volontiers des situations à ses adversaires. Les Girondins de Bordeaux devront faire fructifier leur envie de revanche en prenant l’ascendant au centre du terrain pour espérer ramener un résultat de Gerland.
3 questions à… Nicolas Puydebois (Gardien de l’Olympique Lyonnais entre 2002 et 2005 - Consultant pour le site www.olympique-et-lyonnais.com)
WebGirondins : Quel état d’esprit règne à Lyon après la défaite à Caen qui a enterré les derniers espoirs de titre lyonnais ?
Nicolas Puydebois : C’est le même état d’esprit qu’après la claque reçue 3-0 à Saint-Etienne au match aller. Il y a une demande de la part du staff, mais également du président, de se remettre en marche. Ce sont des compétiteurs, mais ils n’ont pas mis tous les ingrédients à Caen pour s’imposer. Il manquait de la détermination et de l’agressivité pour gagner les duels. Ce match est paradoxal puisqu’il a presque éteint les possibilités d’être champion, mais Lyon est qualifié directement pour la prochaine Ligue des Champions à 99,9% après cette défaite conjuguée à celle de Monaco à Marseille. Cette qualification a permis d’adoucir le revers face à Caen car l’objectif du président a été atteint. Depuis la victoire de Paris en match en retard face à Metz, on savait du côté de Lyon que ce serait compliqué d’aller plus haut. La victoire du PSG face à Guingamp, 6-0, le vendredi, a aussi mis un coup au moral des joueurs.
WebGirondins : Quels sont les ingrédients qui ont manqué à Lyon pour assommer le PSG ?
Nicolas Puydebois : Le vrai tournant c’est la défaite à domicile face à Nice (1-2). On n’a pas su être patients. Au lieu de prendre le temps face à une équipe réduite à 10, nous nous sommes jetés dans la gueule du loup par un manque d’expérience, ce qui a ensuite coûté cher. C’est cette défaite qui a permis à Paris de reprendre la main et de dérouler. Le manque d’expérience de certains joueurs, et une profondeur de banc un peu juste ont pesé au final. On peut aussi penser que si Paris avait continué en Ligue des Champions, Lyon aurait pu lutter un peu plus. Mais ce qui laisse beaucoup de regrets c’est la saison de Yohann Gourcuff. Quand ce dernier était là, il apportait un vrai plus au jeu. On voit que c’est un joueur au dessus du lot. Malgré l’envie, la fraîcheur de ce groupe, nous avons manqué de maturité par moments, et un joueur comme Gourcuff, avec son expérience, nous aurait beaucoup apporté. Avec un Gourcuff opérationnel toute la saison, je pense qu’on aurait pu rêver plus sérieusement du titre car il sait faire jouer les autres.
WebGirondins : Comment voyez-vous ce Lyon-Bordeaux
Nicolas Puydebois : Lyon doit se racheter. C’est la dernière à domicile et toutes les équipes aiment finir dans leur stade sur une bonne note. Lyon ne peut pas rester sur l'échec de Caen, mais Bordeaux, pour terminer européen, va devoir aussi chercher un résultat. Je ne sens pas un match tendu, mais un match avec de l’enjeu. Celui de bien finir une très belle saison pour Lyon et celui d’atteindre un objectif européen pour Bordeaux. On s’attend ici à ce que l’OL fasse le travail car, comme le dit Joël Bats qui est un homme de grande expérience, bien finir la saison c’est se donner les moyens de bien recommencer la saison prochaine. Je pense qu’on va assister à un bon match, loin d’être terne.
Par Florian Rodriguez