Exclu – Benarbia « Ma saison à Bordeaux était parfaite à tous les niveaux »
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Ali Benarbia n'a passé qu'une saison sous les couleurs des Girondins (1998-1999). Mais quelle saison ! Lors de cet exercice, le milieu offensif franco-algérien avait largement contribué au titre de champion de France décroché par Bordeaux. Retour sur cet exercice extraordinaire avec l'ancien footballeur, reconverti en consultant sportif.
Dans quelles circonstances êtiez-vous arrivé chez les Girondins à l'été 1998 ?
Je sortais de trois saisons exceptionnelles à Monaco. J'avais été champion de France et atteint les demi-finales de la Ligues des champions avec le club de la Principauté en 1997. Il me fallait un nouveau challenge, bien qu'il me restait trois années de contrat. Les Girondins me voulaient, tandis que Monaco ne souhaitait pas trop me laisser partir. En 1998, j'ai été l'une des seules recrues girondines, le groupe se connaissait très bien. On s'est amusés toute la saison, même en dehors du terrain !
Quels souvenirs gardez-vous de cette saison incroyable ?
C'était une saison parfaite à tous les niveaux, aussi bien pour les joueurs que pour les supporters. Avant qu'elle ne débute, personne n'était international. Tout le monde ou presque a décroché une sélection grâce à cette saison. On a donné beaucoup de plaisir, car on pensait constamment à se créer des occasions. Le jeu pratiqué était très technique, avec trois meneurs de jeu, Pavon, Micoud et moi, et deux grands attaquants, Laslandes et Wiltord.
Avez-vous une anecdote à nous confier sur l'équipe et les joueurs de l'époque ?
Nous étions « addict » aux taureaux à l’entraînement. On a tellement rigolé en en faisant ! Si Élie Baup ne nous disait pas d’arrêter, on y était encore le lendemain. Souvent, on se retrouvait à la fin de l'entraînement. Pendant mon année à Bordeaux, je n'ai pas vu le temps passer.
Pourquoi êtes-vous parti dès la saison suivante au PSG ?
Lorsque je me suis engagé en faveur de Bordeaux, c'était pour un projet de quatre ans. J'ai eu la chance de concrétiser celui-ci en moins d'un an. J'avais bouclé la boucle, je n'avais pas le sentiment de pouvoir apporter davantage et un autre projet très intéressant s'est présenté à moi.
Avez-vous regretté votre départ ?
Pas du tout ! Le projet du PSG était très intéressant, surtout que je rêvais de jouer au Parc des Princes. Le club de la capitale avait terminé la saison 1998-1999 à la huitième place. Avec Laurent Robert, j'étais leur seule recrue. Avec un gros joueur supplémentaire, on aurait pu « chatouiller » Monaco, qui a été sacré champion en 2000. Je voulais attirer Franck Dumas et Sonny Anderson. Avec eux, le PSG aurait probablement été champion.
Les Marseillais aiment dire que Paris a laissé gagner Bordeaux lors de la dernière journée de la saison 1998-1999. Or, personne ne dit que Nantes a laissé l'OM l'emporter. Qu'en pensez-vous ?
Paris avait fait une saison plus que moyenne et se retrouve à marquer deux buts contre Bordeaux, qui faisait une saison exceptionnelle. En 1999, le FC Nantes a gagné la Coupe de France et était pratiquement imbattable à domicile. Or, ils ont perdu 1-0 à la Beaujoire face à l'OM. C'est un score plus bizarre que le 3-2 quand on y réfléchit bien. Lors de ce dernier match de la saison, Paris n'avait rien à perdre. Avec un PSG qui aurait joué comme il l'avait fait comme lors de la plupart de ses matches de la saison, on aurait pu leur mettre 3-0.
« Bordeaux dégage une image mitigée aujourd'hui »
Quel est votre sentiment concernant la saison actuelle des Girondins ?
Un sentiment de renouveau avec l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Les Girondins ont effectué un très bon début de saison. L'ambiance était au beau fixe, tout l'effectif était concentré, plusieurs jeunes joueurs ont été essayés. On s'attendait ensuite un peu à ce qu'un « trou » arrive. Willy Sagnol a pu constaté les manques de son effectif, notamment avec les départs de joueurs pour disputer la Coupe d'Afrique. L'arrivée de l'attaquant suédois Isaac Kiese Thelin peut vraiment apporter un plus. Dans cette deuxième partie de saison, les Girondins pourraient remonter au classement et se qualifier pour la Ligue Europa. Toutefois, le football pratiqué n'est pas encore transcendant, l'équipe manque encore de constance sur 90 minutes.
Comment jugez-vous les premiers pas de Sagnol avec Bordeaux ? Êtes-vous surpris par certaines difficultés qu'il a pu rencontrer ?
Non, c'est tout à fait normal. Il faut faire la différence entre une sélection Espoirs, avec des jeunes que tu vois de temps en temps, et un club de Ligue 1, avec des joueurs que tu côtoies au quotidien. Dans un plus petit club, il aurait eu autant de problèmes. Mais Bordeaux devrait bien terminer la saison avec l'arrivée du nouveau stade. Cet exercice 2014-2015 sera honorable si les Girondins demeurent juste derrière Monaco et Saint-Étienne. Conserver la sixième place serait une bonne chose. Accrocher l’Europe pourrait permettre d'aider Sagnol à attirer un ou deux joueurs d'expérience et espérer rivaliser avec ces deux clubs.
Bordeaux peut-il jouer durablement les premiers rôles en Ligue 1 lors des saisons à venir ?
Si les dirigeants mettent les moyens financiers, c'est envisageable. Mais M6 en est-il capable ? Si le groupe fait en sorte d'avoir une équipe compétitive pour jouer les trois premières places, des investisseurs pourraient se montrer intéressés pour reprendre le club. Mais si les Girondins descendent encore au classement, personne ne sera intéressé.
Que image dégage aujourd'hui le club girondin ?
Une image mitigée. On ne sait pas si cette équipe veut à nouveau jouer les premiers rôles en championnat, comme c'était le cas par le passé, ou si elle compte se contenter de jouer la Ligue Europa avant de s'éteindre progressivement...