Carnet d’entraînement : Comme après une élimination…

27/11 - 19:01 | Il y a 9 ans

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Vendredi 27 octobre, lendemain de défaite à Liverpool et d’élimination d’Europa League. Le Haillan. J-2 avant Bordeaux-Caen. Un peu de vélo pour les titulaires de la veille, et des exercices pour les autres dans une ambiance feutrée, presque torpide. 

L’entraînement est prévu à 11h30. À 11h20 les plots de toutes les couleurs sont prêts sur la belle pelouse du centre professionnel du Haillan. Les piquets attendent pour être le théâtre d’exercices de conservation de ballon et de contournement. Les deux derniers vendredis, les joueurs étaient à l’heure, pas une minute de retard. Aujourd’hui, ce vendredi 27 novembre, il ne se passe rien. 11h30, puis 40 arrivent facilement. Le calme plat. Deux journalistes sont au bord du bungalow réservé à la presse et attendent eux aussi dans l’emplacement qui leur est réservé au bord du terrain. 11h45, toujours rien à signaler si ce n’est la quiétude brisée par les éclats de voix de jeunes joueurs du centre de formation qui rejoignent leur camp de base après l’entraînement. Même la salle de musculation que l’on aperçoit de l’extérieur semble vide. Les ballons attendent désespérément sur le terrain que quelques crampons viennent les gifler. 11h50 : ça y est, les joueurs arrivent avec 20 minutes de retard par rapport à l’horaire officiellement annoncé. Adam Ounas est le premier à se montrer, apportant un sac de ballons avec lui. Cédric Carrasso, les mains dans les poches lui emboîte le pas d’un air qui n’inspire pas vraiment la motivation. Entre fatigue et lassitude. Ça y est, le bal des titulaires de la veille fait son apparition et l’on sent que l’entraînement va enfin débuter. Tous se dirigent vers un local pour récupérer des vélos. Plasil et Carrasso discutent en dehors du terrain avec une connaissance. Tandis que Clément Chantôme, l’air fatigué se dote de son vélo, Lamine Sané ou Henri Saivet semblent avoir plus d’enthousiasme et blaguent. Ce dernier dégaine un « bonjour » en passant à vélo à côté des rares supporters présents, imité très vite par Rolnan, contrairement à André Poko qui trace son chemin. Lamine Sané, à la traîne, seul après le départ de ses coéquipiers, prend quelques photos avec des jeunes gens, semble-t-il issus du centre de formation ou de stages de football estampillés Girondins.

« Les gars on ne commente pas »

Ceux qui n’ont pas joué la veille, eux, tapent dans le ballon. Les classiques travaux de fermetures et d’ouvertures des jambes permettent de bien s’échauffer avant d’attaquer des exercices à base de circulation de balle. Les chasubles blancs prennent position en face des chasubles bleus, tandis que les oranges, situés au milieu, doivent couper les trajectoires du ballon pour éviter de rester longtemps dans cette position. Le ballon circule d’un camp à l’autre. « Allez, vite, vite on change » ordonne Patrick Guillou lorsque le ballon est intercepté par l’équipe située au milieu. Pablo qui ne fait ni partie des titulaires de la veille, ni de ce petit groupe qui s’entraîne, observe rapidement ses coéquipiers avant de partir, seul, effectuer un footing en direction de la forêt. « Wahbi, fais gaffe, élargis le jeu » demande Patrick Guillou. L’entraîneur adjoint de Willy Sagnol est très impliqué. « Le jeu dans l’intervalle, c’est ça Max » se réjouit ce dernier devant une passe de Maxime Poundjé bien réalisée. Sandy Guichard, le préparateur physique qui assiste Patrick Guillou sur l’entraînement, commente à son tour : « ne mettez pas le ballon vers l’arrière ». Les passes se répètent dans un exercice qui paraît redondant mais qui est censé faire travailler la propreté des passes dans les espaces. « Les gars, on ne commente pas » prévient l’entraîneur adjoint après un échange verbal entre Adam Ounas et Wahbi Khazri. « Ceux qui râlent c’est un tour de plus au milieu » avertit Sandy Guichard. 

« jouez, jouez, jouez »

Le type de jeu évolue ensuite vers des oppositions avec une préférence pour une seule touche de balle. Les blancs d’Ounas, Poundjé et Maulun affrontent les oranges de Laborde, Thelin et Gajic et les bleus de Traoré, Guilbert et Khazri. Les passes sont sèches, et l’ambiance est studieuse, avec une communication très peu présente entre les joueurs. Seul Patrick Guillou continue de donner de la voix : « jouez, jouez, jouez » ordonne-t-il. Jaroslav Plasil, le regard sombre, a fait son retour sur le terrain après la sortie vélo. L’international tchèque observe les ateliers tout en effectuant un petit travail de course et d’appuis. Il sera le seul titulaire de la veille à venir fouler un peu le gazon. « Pablo il est déjà de retour ? » demande Plasil à l’un de kinés présent au loin. Celui-ci lui répond : « il va mieux ». Au sein du petit groupe qui s’entraîne, Gaëtan Laborde enchaîne les contrôles orientés suivis de passes sous les yeux de son ancien mentor, Patrick Battiston, qui observe la séance. Dans ce petit groupe, les jeunes Ounas et Gajic se chargent à la fin de l’exercice d’aller récupérer une charrette remplie de bouteilles d’eau pour en distribuer à leurs partenaires. Guillou demande à ses hommes de « garder la même intensité mise depuis le début » pour la suite du programme. Le programme reprend avec l’idée de priver l’adversaire du ballon. Ce dernier circule bien. « Ne lâchez pas » incite un Guillou qui lui ne lâche rien. Maxime Poundjé touché à une côte fait cesser le jeu, et tout le monde vient aux nouvelles dans un état d’esprit solidaire. Plus de peur que de mal. À l’opposé de l’endroit où les joueurs travaillent, le bungalow des journalistes s’est rempli de professionnels encartés qui observent l’entraînement derrière les fenêtres de leur lieu de travail, peu enthousiastes à l’idée de mettre le nez dehors par ce froid de novembre. Ces derniers peuvent tout de même observer Pablo, de retour de son footing en forêt, être pris en charge par le kiné du club pour des exercices entre plots, petites hais et piquets. 

Les professionnels qui sont sur le pont depuis 11h50 ballons aux pieds, terminent la séance par des oppositions. La première oppose deux blocs en losanges. Laborde, Poundjé, Thelin et Gajic affrontent Ounas, Khazri, Guilbert et Traoré. Robin Maulun est le joker qui peut participer à toutes les phases de jeu. L’intensité commence à baisser, et Patrick Guillou, un peu agacé, demande à ses joueurs d’arrêter de commenter et de se concentrer sur le jeu. Il est 12h34 et le dernier atelier de la matinée se fera sous les yeux de Sylvain Matrisciano qui vient d’arriver, contrairement à Willy Sagnol qui n’apparaîtra pas de toute la séance. Quatre cages sont positionnées, avec l’objectif pour les joueurs de marquer sans contrôler le ballon. Isaac Kiese-Thelin effectue un enchaînement de qualité et sert Laborde qui marque et ouvre le score. Les buts s’enchaînent, les oranges mènent 3-2. Wahbi Khazri a la balle d’égalisation dans les pieds pour les bleus mais manque le cadre. L’international tunisien se rattrape en sauvant d’un tacle le but du 4-2, même si la victoire termine dans l’escarcelle des oranges. La fin de l’entraînement est implicitement décrétée. Sylvain Matrisciano, proche des vestiaires, bloc note en main, appelle de sa grosse voix : « Gaëtan, Robin, Isaac, Milan ». Ces derniers rejoignent Traoré présent à côté du bras droit de Willy Sagnol. « Rendez-vous demain à 16h avec la CFA » informe Sylvain Matrisciano. Gaëtan Laborde, Robin Maulun, Isaac Kiese-Thelin, Milan Gajic et Abdou Traoré ne devraient pas participer au match de dimanche face à Caen. Pendant que Wahbi Khazri et Frédéric Guilbert terminent par un exercice d’explosivité, attachés à une corde élastique, elle-même retenue par un poteau, en compagnie de Sandy Guichard, Pablo poursuit son travail avec le kiné. « Petit pas, grand pas » explique David Das Neves au grand brésilien. « Ça c’est un pas » mime le kinésithérapeute à Pablo. Au loin, Patrick Guillou est avec Isaac Kiese-Thelin et discute. Le grand attaquant suédois tripote les ballons avec ses pieds tandis que le coach lui parle avec force gestes, de façon très animée. Le duo termine par une séance de passes et frappes au but. Pour la première frappe, Thelin touche du bois, avant de cadrer toutes ses tentatives. Avec sérieux mais une pointe de dépit, l’international suédois continue de travailler et de ronger un frein qu’il ne devrait toujours pas désactiver dimanche face à Caen.

Par Florian Rodriguez au Haillan

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