Carnet d’entraînement : Le jeu aérien

19/01 - 19:18 | Il y a 8 ans

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Jeudi 19 janvier 2017 : Les têtes des joueurs girondins ont résonné avec une prédilection pour le jeu aérien lors de l’avant-dernier entraînement avant la réception de Toulouse samedi (20h). Sous un froid saisissant au Haillan. 

 

Malgré un soleil chaleureux pour le moral, le froid glaçant s’est emparé de la plaine des sports du Haillan. Les bandes de pelouses ombragées ont laissé place à des parties de terre gelée et le soleil qui a fait fondre le gel rend le sol aux alentours des terrains d’entraînement spongieux. La pelouse des professionnels, elle, est en parfait état. Alors qu’une armée de piquets et plots attendent habituellement les joueurs, seuls quelques coupelles délimitent un large rectangle de jeu. À l’opposé du terrain, près de la bâche bleue marine qui couvre l’un des quatre grillages entourant l’aire de jeu, deux cages mobiles se font face.

 

Les gardiens, dans un rituel bien connu, arrivent en premier et vont prendre possession de leur espace, à l’opposé des vestiaires. Les joueurs de champ, eux, jonglent avec quelques ballons devant leur espace sportif. Pendant que le groupe, bien fourni, commence à se mettre en conditions avec les ballons, Nicolas Pallois passe près du terrain des jeunes en footing avec David Das Neves. Armé d’un bonnet, le défenseur central girondin se déplace dans un rythme léger. Un coup de sifflet énergique marque la fin des jeux de passes libres et invite les joueurs à se déplacer vers le rectangle formé par les plots, à l’opposé des vestiaires, le long du grillage où les spectateurs sont massés. « Allez, attaquez, tout le monde dans la zone » décrète le préparateur physique Kévin Plantet. Les joueurs commencent par faire quelques aller et retour dans le sens de la longueur avec les traditionnelles ouvertures et fermetures de jambes. « Mettez-vous dedans » préconise Kévin Plantet. Rapidement, les joueurs sont invités à se saisir des ballons à disposition et à se faire des passes à la main, en duo. « Variez vos types de passes » demande le jeune préparateur physique bordelais. Certains simulent des touches, d’autres passent le ballon de trois-quart comme un gardien de but le ferait pour relancer à la main. Les joueurs, sont invités à enrichir cet échauffement du haut du corps en effectuant une feinte avant de faire la passe. 

 

Le jeu au pied est maintenant favorisé avec des groupes de trois joueurs qui se forment dans toute la zone d’échauffement. Le ballon ne doit pas tomber au sol dans cet exercice de « technique aérienne » selon Kévin Plantet, dans ce qui est appelé communément une « Brésilienne ». Au coup de sifflet du préparateur physique, les joueurs doivent arrêter le ballon et partir à l’opposé, en direction de la bâche bleue marine, en sprint avant de relâcher. L’exercice évolue avec un jeu exclusivement basé sur les têtes, avec la même idée d’un ballon qui ne doit jamais toucher le sol. Aucun temps de latence n’est à signaler. Tout est fait pour que les joueurs puissent être prêts à attaquer la séance le plus efficacement possible sous un froid sec qui contraint un peu les mouvements des articulations. Le groupe rejoint l’espace où les cages mobiles sont disposées, pour des oppositions sur petit terrain. D’une cage à l’autre, les joueurs doivent garder le ballon en l’air pour que leurs buts soient validés. Les mains sont autorisées pour relever les ballons qui tombent au sol. Eric Blahic, emmitouflé dans une parka du club et lui aussi bien couvert par son bonnet donne le ton : « Si vous voulez deux touches de balle vous pouvez le faire. L’important c’est que le ballon ne touche pas le sol. Adaptez-vous. » Et c’est parti pour le jeu. Les éléments du troisième groupe de chasubles qui ne participent pas sont des jokers du jeu. « Allez, attention, attention, déterminés ». Eric Blahic donne le tempo. Paul Bernardoni et Jérôme Prior commencent dans les buts, sous le regard de Cédric Carrasso qui observe le déroulement des opérations le long de l’aire de jeu, mais s’apprête à participer à la séance. 

 

L’exercice commence avec beaucoup d’enchaînements de têtes. Dans ce registre particulier, les joueurs communiquent avec ferveur pour s’orienter mutuellement. Les gardiens ont tendance à allonger leurs passes pour permettre à leurs joueurs de faire mouche rapidement. François Kamano propose un ciseau de côté qui ne trouve pas le cadre de peu. Adam Ounas, dans l’équipe adverse, réplique d’une volée sèche qui fait mouche. Le jeu favorise les gestes acrobatiques. Valentin Vada manque une passe qui finit dans les pieds de son partenaire. Exigeant avec lui-même, le jeune Argentin enrage avec un « Ah non » de frustration. Jérémy Ménez, en position excentrée écrase sa frappe. Les situations se multiplient mais la fluidité est délicate à obtenir. « Valé, ça n’existe pas ça… Il faut mettre la tête » reproche Eric Blahic à Valentin Vada sur un choix non-approprié. L’entraîneur adjoint des Girondins reste très attentif à l’évolution de ses joueurs. Les joueurs, malgré le froid, mettent de la volonté et jouent rapidement les ballons lorsqu’ils sortent de l’espace de jeu où lorsque ceux-ci finissent au sol et en ballon mort. Le jeu est parfois confus, mais accroché, à l’image de ce que pourrait offrir l’opposition toulousaine samedi soir. Jérôme Prior se détend au maximum pour sortir une bonne tête de Diego Rolan. Les actions s’enchaînent rapidement et Grégory Sertic trouve la barre d’une volée rectiligne et sèche. Le ballon rebondit devant la ligne mais le but n’est pas validé par les entraîneurs. Le milieu de terrain girondin signifie son désaccord avec des gestes, de façon légère et humoristique. 

 

Adam Ounas y va lui aussi de son ciseau, à l’image de celui de François Kamano, mais son geste termine dans le petit filet. Les joueurs alternent entre gestes de classes et frappes ratées, à l’image de Grégory Sertic qui envole une reprise de volée après avoir parfaitement exécuté la précédente. Le ballon part au dessus de la barre et roule vers l’extrême limite du terrain, en direction de l’un des buts, avant de finir sa longue course près du poteau. Diego Rolan place une reprise de volée, allongé, mais celle-ci fuit le cadre. « Aïe, aïe » enrage Eric Blahic. Les joueurs prennent l’exercice à coeur et Jérôme Prior proteste sur un but de Sabaly : « Elle a touché le sol ! » Bernardoni sort une belle tête de Poundjé, d’une main. « Bien joué Paulo » retentit de toutes parts. Diego Rolan manque de nouveau le cadre. « Marque » crie Eric Blahic avec une pointe d’amertume dans la voix. Nicolas Maurice-Belay marque d’une belle volée, face au but, à la grande joie de ses coéquipiers, Jaroslav Plasil en tête qui le gratifie d’un « bien joué Nico ».

 

Comme un symbole, Maurice-Belay, qui n’a plus rejoué pour Bordeaux depuis plus d’un an, marque le but décisif, de la tête. Des cris de joie sont poussés par l’équipe dans laquelle évolue le milieu bordelais. Des tapes sur la tête, des accolades, et autres petits gestes amicaux viennent saluer ce but qui met fin à la séance collectif. En deux-temps trois mouvements, telle une armée de fourmis, les joueurs nettoient le terrain des cages mobiles et rentrent aux vestiaires. Seuls quelques jeunes joueurs comme Jules Koundé, Zaydou Youssouf, Adam Ounas ou Jorris Romil restent pour se faire quelques passes. Jérémy Toulalan, lui aussi, décide de faire quelques aller-retour, le long du grillage, pour finir par un décrassage, accompagné de Kévin Plantet. Youssouf, Ounas et Romil jouent tous les trois, dans un triangle élargi, en se faisant des passes rapides après des contrôles orientés. Eric Blahic, malgré le froid, reste aux aguets. « Vers l’avant sur la prise, voilà en avançant » encourage l’entraîneur adjoint girondin. « Elle n’est pas bonne, on fait un nouveau tour », « celle-là elle est bonne », chaque action est scrutée par Eric Blahic qui clôt lui-même la séance : « allez les gars c’est bon. » Il est temps de rentrer aux vestiaires et de récupérer avant un derby de la Garonne qui devrait solliciter et user les organismes sous un hiver loin d’être tendre. C’est à ce prix que les Girondins réchaufferont leur saison. 

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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