Carnet d’entraînement : Fortes têtes

23/02 - 15:19 | Il y a 8 ans

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Jeudi 17 février 2017 : À deux jours du déplacement à Lille, les Girondins ont majoritairement travaillé le jeu aérien avec une multiplication de duels sur un petit terrain.

Grisaille, froid et humidité n’ont pas quitté Le Haillan, comme pour rappeler aux Girondins que le temps de l’embellie définitive n’est pas encore venu. Trois ateliers distincts sont prêts sur la pelouse d’entraînement, recouverte d’une fine couche de rosée. Près du grillage côté château, un parcours à base de plots et coupelles attend un joueur en phase de reprise. Plus à l’intérieur, six mannequins, formant deux triangles séparés forment le deuxième lieu d’exercice. À l’opposé, deux cages sont positionnées face-à-face et délimitent un petit terrain. En période de vacances, le public est plus fourni avec des enfants encadrés par leurs moniteurs. Sur le toit de la salle de presse, un journaliste reporter d’image attend patiemment l’arrivée des joueurs, au même titre que les enfants. « Regardez, ils arrivent » prévient un encadrant aux bambins qu’il accompagne. Les regards des jeunes supporters se rivent sur la sortie des vestiaires.

Pendant que Carrasso, Prior et Bernardoni partent s’échauffer à l’opposé, le groupe est briefé par les entraîneurs pendant une minute. Chaque joueur ramasse une chasuble posée au sol. Une équipe de chasubles blanches et une équipe de chasubles rouges vont s’affronter pendant la séance. Une fois équipés, les joueurs entament leurs traditionnels aller et retour devant les vestiaires et en direction du local de la presse. Eric Bedouet, bien au chaud sous son bonnet, observe et oriente. Le travail est varié : moulinets avec les bras pour échauffer le haut du corps, ouvertures de jambes en marche arrière, suivies de montées de jambes de façon verticale ou encore course en reculant et accélération en se retournant. Une fois échauffés, les joueurs rejoignent les deux petits rectangles délimités par des coupelles au milieu desquels trônent les mannequins.

Les mannequins, tels qu’ils sont disposés, permettent de voir deux portes entre lesquelles s’échapper une fois le ballon reçu. Les joueurs positionnés aux coupelles extérieures doivent trouver les joueurs positionnés entre les portes. Ces derniers, via un contrôle orienté et en une touche de balle, passent par la porte située à leurs côtés pour servir des joueurs à l’opposé. Les premiers passeurs prennent la place dans la porte. « Allez technique et relâchement » incite Jocelyn Gourvennec occupé à superviser les chasubles rouges tandis qu’Eric Blahic surveille les blanches. « Mettez du dynamisme » insiste l’entraîneur adjoint des Girondins. Les joueurs enchaînent sur des une-deux au moment de la passe entre les coupelles, puis au moment de la passe entre les portes ce qui aboutit à des actions en double une-deux. « Soyez plus concentrés sur les prises de balle, ça doit aller vite » demande Eric Blahic. Le bras droit de Jocelyn Gourvennec explique la suite aux joueurs : au moment de la passe au niveau de la coupelle, le joueur qui réceptionne le ballon doit lever la balle et faire une passe aérienne. « Les gars, si on peut tout faire en l’air, on fait tout en l’air. L’idée c’est de rester en l’air même en une-deux » explique Eric Blahic. Les ballons volent, claquent au dessus des têtes.

Un coup de sifflet bref met fin à ces 10 minutes de préparation. Les joueurs s’éloignent et rejoignent le petit terrain délimité par les cages. « Franck » appelle Jocelyn Gourvennec en direction de Franck Mantaux. Les gardiens arrivent au trot. L’entraîneur bordelais donne ses consignes aux joueurs qui se sont positionnés pour le petit match. Le ballon doit être constamment joué dans les airs, et des joueurs sont placés aux extrémités du terrain, de chaque côté, y compris au niveau de la ligne de sortie de but. Sur la première action, le jeune argentin Daniel Mancini effectue un amorti de la poitrine qui touche le sol, et passe le ballon. Jocelyn Gourvennec arrête le jeu et s’adresse à Valentin Vada : « Valé, explique-lui en Espagnol. » Dès que le ballon tombe au sol, le joueur à proximité le relève à la main pour relancer le jeu. Malcom est le premier à marquer, d’une tête plongeante. Un « ouais » collectif retentit et Malcom serre les poings. Après quelques séquences, le jeu s’arrête après un duel. Plusieurs joueurs s’inquiètent de la santé de Maxime Poundjé, et Jocelyn Gourvennec est également au chevet de son défenseur, au sol et sonné. Le latéral gauche bordelais se relève difficilement, et arrête sa séance, accompagné par un kinésithérapeute du club qui le soutient et lui confie une poche de glace que le joueur formé aux Girondins maintient contre son front.

Le jeu reprend. Sankharé et Arambarri jouent un une-deux de la tête, mais la frappe du crâne de l’ancien guingampais est trop molle et Prior se couche sans problème. Jocelyn Gourvennec siffle et les joueurs changent de camp. Abdou Traoré, de son côté, est pris en charge individuellement par Eric Bedouet qui lui donne quelques consignes, du côté de l’atelier de réathlétisation. Sur le terrain, les joueurs mettent du rythme malgré la difficulté à faire preuve de puissance sur les frappes de la tête. Les blancs qui mènent 1-0 corsent l’addition grâce à une remise de la tête de Laborde pour Kaabouni qui marque d’une tête piquée. « 2-0, c’est bien joué, il faut s’adapter » félicite Jocelyn Gourvennec. Les blancs de Pallois ou Ménez ont pour l’instant l’ascendant. « Valé, comment tu dis mets le réveil en Espagnol ? » Jocelyn Gourvennec veut inciter Daniel Mancini à mettre plus de dynamisme dans son entraînement. La bruine commence à tomber, et Abdou Traoré enchaîne les aller et retour ballon au pied sur le parcours préparé par Eric Bedouet. Après une courte pause, le jeu reprend de plus belle et les gardiens allongent chaque relance au niveau des attaquants. Carrasso et Bernardoni déploient leurs ailes sur des relances exclusivement faites à la main. Mauro Arambarri est trouvé par Plasil sur l’aile, et effectue une remise de la tête en retrait pour Igor Lewczuk. L’international polonais arme, bien équilibré, et bat Bernardoni d’une volée au ras du deuxième poteau. « Bien joué Igor » félicite Jocelyn Gourvennec.

Diego Rolan, Thomas Touré et Adam Ounas sortent en footing en compagnie de Jacques Thébaud, kinésithérapeute du club, et jettent un oeil furtif au travail de leurs coéquipiers. La séance s’étire, et le jeu est désormais libre au sol. Mancini marque d’une belle demi-volée. Malcom, dans l’équipe adverse, part en dribble court sur la droite, face aux vestiaires, et trouve Laborde sur un centre rasant. L’attaquant girondin marque sans trembler. Sur l’action suivante, Malcom déclenche une frappe sèche contrée par Toulalan. Le milieu récupérateur bordelais grimace, s’arrête et remonte son short pour dégager sa cuisse marquée par le tir de son coéquipier. « Ça vient Mauro » alerte Plasil. « Concentrés le gars » surenchérit Carrasso. François Kamano marque en deux temps ce qui provoque la colère de Bernardoni qui se relève frustré de cette action qui n’a pas tourné en sa faveur. L’action suivante, copie conforme de la précédente, permet à Kamano d’armer une nouvelle frappe sur un centre en retrait, mais Contento sauve sur sa ligne. Les frappes se multiplient, à l’image d’un tir très lourd et lointain de Toulalan sur lequel se couche bien Paul Bernardoni pour repousser des deux poings. « Bien joué Daniel » encourage Prior à l’adresse de Mancini qui trouve la lucarne après une frappe plein axe. « Dernier jeu, on reste concentrés » informe Jocelyn Gourvennec.

Sur la dernière action de l’entraînement, Ménez décale Malcom côté droit, et ce dernier centre au deuxième poteau pour son coéquipier qui rate la cible. Jocelyn Gourvennec siffle et reconnaît la victoire des rouges qui ont refait leur retard et coiffé leurs adversaires sur le poteau. Les joueurs en chasubles blanches doivent récupérer les coupelles et débarrasser le terrain. Presque tous les joueurs, à l’exception d’un ou deux éléments, s’y mettent de bon coeur et remettent les cages au plus près du centre d’entraînement et nettoient le terrain de ses objets de jeu. Les enfants, qui ont compris que la séance était terminée, se ruent vers les barrières délimitant la zone où les joueurs signent les autographes. Quelques binômes sont encore sur le terrain pour allonger des passes. Gajic-Jovanovic, Plasil-Lewczuk et Pellenard-Prior forment ces duos qui ont décidé de travailler un peu plus. Abdou Traoré, passe en trottinant et à petit rythme, sans ballon, avec un souffle assez court après sa séance personnalisée. Seul Youssouf Sabaly n’aura pas été vu à un moment ou un autre lors de l’entraînement du matin, poursuivant ses soins. Jocelyn Gourvennec et Eric Blahic ne perdent pas une miette du surplus d’exercices que s’imposent leurs joueurs, et l’entraîneur girondin finit par inciter ses joueurs à rentrer aux vestiaires : « Jaro, Milan, allez ». À quelques jours du déplacement à Lille, le coach bordelais souhaite préserver les forces avant un match qui devrait permettre de juger du tempérament de son équipe et de sa capacité à continuer sa progression.

 

Par Florian RODRIGUEZ

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