Carnet d’entraînement : Dynamisme exigé

24/08 - 20:44 | Il y a 8 ans

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Mercredi 24 août 2016 : Alors qu’une séance matinale, à moitié en salle et à moitié sur le terrain était prévue, les Girondins ont passé près de deux heures sur la pelouse à travailler dur en prévision de la réception de Nantes dimanche à 15H.

Le soleil commence à chauffer de tous ses rayons sur la plaine des sports du Haillan où l’habituelle quiétude, estompée par une foule conséquente en juillet, a fait son retour. Alors que la séance prévue semblait s’orienter vers un travail faisant la part belle aux activités en salle, de petits ateliers déjà prêts aux quatre coins du terrain semblent indiquer le contraire. Les ballons, piquets, mini-haies ainsi que des javelots plantés au sol attendent dans un paisible silence. Dans la salle de musculation, quelques silhouettes se dessinent, mais c’est Jocelyn Gourvennec qui arrive le premier aux alentours de 10H30, l’air fermé, avec des chasubles en main.
Le coach bordelais les dépose sur le terrain avant de rebrousser chemin et de retourner dans les vestiaires. Eric Blahic succède son entraîneur principal et fait le tour des ateliers, effectuant quelques vérifications. Après plusieurs minutes à s’être éclipsés, les deux entraîneurs se rejoignent sur la pelouse. Gourvennec mains dans le dos, et Blahic mains sur les hanches, paraissent songeurs. Les joueurs ne tardent pas à les rejoindre sur le terrain dans un calme olympien, sans hautes paroles, sans blagues intempestives.

L’arrivée des joueurs, qui entament un tour de terrain, coïncide avec un flux plus important de spectateurs, mais rien d’aussi important que lors des dernières semaines d’entraînement. Tandis que le groupe des joueurs de champ termine ses deux tours d’échauffement, les gardiens sont partis travailler en solo au fond du terrain, à l’opposé des vestiaires, dans leur coin favori. Parmi les joueurs présents, Pablo est là, à l’inverse de Malcom et Nicolas Maurice-Belay qui ne fouleront pas la pelouse aujourd’hui. Habituel pour le second nommé victime de problèmes récurrents au genou. Très rapidement, les joueurs enfilent des chasubles rouges, blancs et jaunes.
Cinq petits ateliers ont été préparés pour eux. Sur le premier, les joueurs doivent effectuer de petits pas entre les coupelles puis accélérer simplement à la sortie. Le deuxième permet de couper l’effort physique sans ballon en évitant les coupelles balle au pied avant de trouver un coéquipier. Une fois ces deux exercices réalisés, les groupes traversent le terrain, se rapprochent au plus près des spectateurs, côté château, et effectuent un toro avant de passer à un exercice physique d’appuis, de coordination et d’accélération. Ce tour se termine par un nouvel exercice de passes entre les coupelles. 

«Changez de direction» demande Eric Blahic au groupe qui commence son tour par l’exercice de passes entre les coupelles. Les joueurs se font des passes, répètent les mouvements autour des éléments placés au sol. Parmi les blancs figurent notamment Pablo, Pallois, Gajic ou Pellenard. Jocelyn Gourvennec, lui, s’occupe des joueurs qui pratiquent le toro. «Soyez tous actifs demande le technicien breton. Je donne, je redemande. Soyez dynamiques». Deux joueurs sont au milieu du groupe et tentent d’intercepter les ballons. «Bien joué François» encourage Gourvennec en s’adressant à Kamano. «Tu es arrêté Pablo» recadre le coach girondin qui ne cesse de conseiller ses joueurs. «Ça doit être plus vivant votre toro» demande l’homme fort du vestiaire bordelais. À l’opposé, Eric Blahic, juste après la remarque de Jocelyn Gourvennec crie, comme connecté à son entraîneur : «Soyez dynamiques». «Changez d’atelier» ordonne Blahic quelques instants plus tard. Les joueurs tournent. Dans l’atelier situé après le toro, les joueurs doivent tantôt sauter par dessus quatre petites haies puis accélérer tantôt slalomer entre des piquets mais aussi enjamber d’autres piquets plantés au sol puis accélérer de nouveau. «Allez dynamique, plus vite les sauts. Avec les bras Pablo, toujours avec les bras». Eric Bedouet veille au grain. «Ceux qui ne sont pas explosifs c’est un travail pour vous» insiste le préparateur physique bordelais. Les jaunes de Thelin, Touré, Vada et Ounas sont repartis pour un tour, tandis que les rouges de Sabaly, Ménez, Toulalan Sertic, Plasil et Guilbert en sont à l’exercice physique avec Eric Bedouet. Le préparateur physique explique l’atelier aux joueurs devant un Ménez circonspect, qui demande des explications, et, toujours pas convaincu, se retourne vers Plasil : «Tu as compris ce qu’il a dit ?» L’international tchèque, hilare, répond par un non franc et sincère. Plasil souffle pendant les diverses enjambées, la chaleur s’intensifie et le travail est gourmand en énergie. «Allez vite, vite, on enchaîne, rapide, rapide». Eric Bedouet ne lâche rien. Les rouges, qui sont de retour avec Eric Blahic, se font reprendre : «Il faut que vous fassiez des passes qui vont plus vite, tac, tac, tac, allez, encore». 

Le circuit est fini pour tous les groupes et tout le monde s’affaire à dégager le terrain. Une spectatrice s’adresse à Eric Blahic : «C’est fini monsieur ?» L’adjoint de Jocelyn Gourvennec répond gentiment : «Non, non, il fait beau on va en profiter encore un peu». Les joueurs se mettent en place pour des affrontements sur deux moitiés de terrain. Eric Blahic donne ses consignes : il s’agit d’un travail d’attaque-défense avec la charge d’éloigner le danger en sortant proprement le ballon pour l’équipe en position de défendre. Une zone au milieu de terrain, qui correspond au début de la zone de départ du jeu, est intouchable pour l’adversaire.
D’un côté Cédric Carrasso garde les cages, de l’autre côté, Paul Bernardoni et Jérôme Prior se partagent le rôle de gardien. Pendant que l’entraîneur adjoint bordelais cite les noms des joueurs pour leur faire imaginer comment les actions peuvent se dérouler, Gaëtan Laborde passe en footing simple accompagné de Kévin Plantet. Alors que le jeu s’apprête à être lancé, Jocelyn Gourvennec prend la parole : «Juste une remarque, les 4 de derrière et les 2 du milieu qui défendent, si vous n’êtes pas actifs vous allez manger. Et offensivement soyez dynamiques». Les jaunes débutent contre les rouges. Parmi les jaunes : Arambarri, Kaabouni, Rolan, Ounas, Thelin, Touré, Vada face aux rouges qui présentent plutôt une armature défensive qui pourrait ressembler à celle alignée contre Nantes samedi. Sabaly, Sertic, Guilbert, Poundjé, protégés par Toulalan et Plasil et armés de Jérémy Ménez sont dirigés par Cédric Carrasso.

Les temps de jeu de multiplient. Les équipes tournent d’une moitié de terrain à l’autre. Les cris et recommandations se succèdent. C’est rigoureux, pressant, sans place pour la détente. «Il faut manœuvrer, travaillez côté puis renversez» demande Blahic. Les blancs de Pablo, Pallois, Contento, Gajic, Pellenard et Traoré trouvent la barre par le dernier nommé, pour l’une des rares occasions franches de ces affrontements serrés. Le jeu évolue après plusieurs oppositions avec la possibilité pour le joueur offensif de gêner la relance adverse. Sur une action rondement menée, Valentin Vada enroule une grosse frappe que Bernardoni, qui avait bien plongé, ne peut réussir à sortir du cadre. «Habituez-vous à jouer sous pression, vous n’avez pas le temps» explique Eric Blahic suivi rapidement par Jocelyn Gourvennec : «Trouvez-moi un joueur libre vers l’avant, pas un joueur avec quelqu’un sur le dos». 

Les actions s’enchaînent. Les joueurs travaillent, à l’image de Guilbert qui empêche Abdou Traoré de sortir le ballon de la zone, et de réussir la sortie défensive de son équipe. Jocelyn Gourvennec, qui relance chaque action après que les joueurs ont changé de moitié de terrain, insiste sur le besoin de cohérence : «Continuez à travailler ensemble». Le clan des rouges travaille uniquement en position défensive avec Cédric Carrasso, et gère les actions offensives face au binôme Prior-Bernardoni. Sur une action en un contre un, Kaabouni défie Poundjé avec des passements de jambes. Carrasso, qui veille au grain pousse son latéral : «Ne lâche pas, vas-y, encore, encore». Poundjé remporte son duel. On touche à la fin de ces oppositions sur demi-terrain quand Jérémy Ménez croise une frappe repoussée par Bernardoni. Un «bravo Jérem» retentit. Sur l’action suivante, Ménez se retrouve excentré et frappe à côté. «Mais non» hurle l’ancien milanais, très déçu de son mauvais rendement. Trois coups de sifflet retentissent. Pendant que les joueurs et le staff replacent les buts pour une dernière opposition sur demi-terrain, Jérémy Ménez, tête basse, ressasse ses actions manquées. Après avoir bu, les joueurs viennent pour l’ultime galop. Les rouges ont été complétés par Rolan qui vient appuyer Ménez, et Kaabouni accompagné de Touré pour les ailes. En face, les blancs comptent sur Traoré, Kamano, Thelin et Ounas pour mener les offensives. C’est un travail à 11 contre 11 sur un petit terrain qui s’annonce. Carrasso est toujours le gardien des rouges pour ce début d’affrontement. Le jeu est logiquement haché, le moindre ballon est disputé. Pablo semble dans le rythme, et retrouve son punch sur une grosse frappe de Ménez contrée sans broncher.

Après avoir sifflé une petite mi-temps pour permettre de se rafraîchir, Jocelyn Gourvennec explique ses exigences à ses joueurs : «Habituez-vous à jouer le plus possible vers l’avant. Si on ne peut pas jouer vers l’avant, on ne jette pas le ballon, on le conserve». Prior garde maintenant les cages des rouges. Ménez tente une dribble qui ne réussit pas sur Gajic. Les bruits sourd des dessus de crampons qui se heurtent aux ballons contrés, ou des têtes qui se succèdent, appuient l’impression de combat. Jérémy Ménez fait un bel effort défensif salué par le staff. Sabaly trouve Kaabouni côté droit qui délivre un centre au cordeau pour Rolan, joueur joker des deux équipes en deuxième période après avoir succédé à Pellenard dans ce rôle. Mais la tête de l’Uruguayen ne trouve pas le cadre. Cette opposition restera improductive en but.

Jocelyn Gourvennec siffle et signifie la fin de l’entraînement, tout en demandant aux joueurs de ranger le matériel puis d’aller s’étirer. Pendant que ces derniers s’exécutent et laissent tomber leurs jambes contre le grillage afin d’étirer les muscles, les gardiens, harnachés à un long élastique, se succèdent pour des frappes au sol éprouvantes physiquement à l’image d’un Prior en manque de souffle. « Bonne récupération. C’était une bonne séance ». Le mot de la fin est pour Jocelyn Gourvennec, près des vestiaires, au moment où tout le monde s’apprête à rentrer. Le technicien breton avait concocté un entraînement très enlevé à quatre jours de la réception de Nantes pour un match déjà crucial pour la suite de la saison.

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan.

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