Carnet d'entraînement : Bouger et gêner l’adversaire

08/12 - 17:41 | Il y a 8 ans

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Jeudi 8 décembre 2016 : À deux jours de l’importante réception de l’AS Monaco (samedi 17H), les joueurs girondins ont travaillé des combinaisons d’attaques censées améliorer la réactivité lors des phases offensives.

 

 

Le Haillan est paisible ce jeudi 8 décembre 2016 malgré un vent très léger, mais froid et persistant. Comme pour battre le rappel et ne pas s’endormir dans le douillet cocon bordelais. Le soleil brille sur les mannequins déjà placés par rangées, avec quelques ballons en attente des joueurs qui seront censés les faire vivre. Eric Blahic est le premier à faire son apparition sur le terrain, chasubles dans les bras. Presque dans le même mouvement, les joueurs suivent. Des rires se font entendre pendant ce petit temps de latence habituel où les joueurs se mettent en route, taquinant légèrement le ballon. Quelques joueurs se précipitent vers des filets pour pratiquer quelques instants de tennis-ballon. Le reste du groupe improvise un toro. Le moment est court et les joueurs se mettent rapidement à faire des aller-retour sur demi-terrain, réalisant à la fois des moulinets avec les bras pour chauffer le haut du corps et des mouvements d’ouvertures et de fermetures de jambes pour la partie basse.

 

Les gardiens s’échauffent à l’opposé des vestiaires. Seuls Jérôme Prior et Gaëtan Poussin sont de la partie. Du côté des joueurs de champ, Youssouf Sabaly, Nicolas Pallois, Igor Lewczuk, Diego Contento, Maxime Poundjé et Diego Rolan ne sont pas présents. Enfin, Jérémy Ménez effectue un travail à particulier avec Eric Bedouet. Mais un visage presque oublié est au milieu du groupe, celui de Nicolas Maurice-Belay, qui dégage une impression de joie. Celle de retrouver le jeu avec ses coéquipiers. Kévin Plantet, le co-préparateur physique, appelle ses troupes et prend en charge la suite de la mise en route. Jaroslav Plasil et Jérémy Toulalan restent tous les deux au tennis-ballon. Des coupelles forment une aire de jeu, non loin de l’espace réservé à la presse. Dans un exercice similaire à l’un de ceux déjà pratiqués les semaines précédentes, les joueurs doivent progresser balle au pied au sein de ce grand rectangle et redoubler avec des joueurs présents aux coupelles, puis prendre leur place. Chaque joueur doit se déplacer et faire le tour du rectangle, coupelle après coupelle. Dans cette phase sans ballon, après le redoublement de passe, le travail d’échauffement du haut et du bas du corps continue. « Dès qu’on a donné le ballon, il y a un travail d’appui à faire » précise Kévin Plantet. Au moment de la prise de balle, le destinataire du ballon doit éliminer la coupelle. Jocelyn Gourvennec, en retrait, observe ses joueurs, puis échange avec Eric Blahic sur l’exercice qui va principalement occuper l’équipe après cette phase préliminaire. Les deux hommes réfléchissent, échangent puis ajustent de manière fictive les placements que devront adopter les joueurs. Kévin Plantet, qui s’occupe le plus souvent du travail individuel, est investi, donne de la voix, puis met fin à ce premier temps d’entraînement. Grégory Sertic, lui, rejoint un atelier individuel alors que le groupe se dirige vers ce qui va représenter le moment important de la séance.

 

Les joueurs rejoignent Eric Blahic au milieu de terrain et récupèrent des chasubles. Certains joueurs restent en bleu marine. Jérôme Prior et Gaëtan Poussin - l’un dans les cages, l’autre à côté - font face à deux rangées de mannequins et à leurs coéquipiers positionnés entre ces lignes, à l’opposé des vestiaires. Pablo et Abdou Traoré doivent se passer le ballon au milieu de terrain et trouver Valentin Vada devant eux, en passe courte. Ce dernier, en position de meneur de jeu, doit trouver un attaquant qui décroche, prend appui sur lui et se retourne pour appeler en profondeur. Un autre coéquipier, en attaque, effectue le même mouvement, mais sans ballon, restant en retrait de son partenaire. Valentin Vada, sur ce moment de l’action, a pour objectif d’alimenter son attaquant d’un bon ballon entre deux mannequins. Une fois la frappe effectuée, les deux joueurs ont pour mission de se replacer très rapidement au niveau des mannequins pour ensuite fuser devant le but. Un centre doit arriver après un travail de combinaison sur l’aile. Le premier joueur excentré joue un une-deux avec un coéquipier puis fait mine de partir à l’intérieur pour servir finalement un troisième coéquipier en débordement. À gauche, Nicolas Maurice-Belay fait équipe avec Théo Pellenard et Zaydou Youssouf. Maurice-Belay, le genou croisé par les bandes noires, telle une grande toile d’araignée collée à la jambe, ne ménage pas ses conseils pour ses jeunes partenaires afin de bien comprendre l’exercice.

Sur les premiers centres, Malcom et Laborde marquent de façon sûre, via des frappes claquées, linéaires. « Il faut être décisif Valé. C’est une passe décisive que tu dois délivrer. » Jocelyn Gourvennec insiste sur son attente auprès de Valentin Vada qui doit jouer juste lors de la première séquence plein axe. L’entraîneur des Girondins arrête souvent le jeu et insiste sur le placement, prenant notamment Gaëtan Laborde à témoin : « Gaëtan, ce n’est pas tout à fait ça que je veux. Viens dans le dos de François, faites des courses croisées sur un petit périmètre. » Jocelyn Gourvennec souhaite par ces placements très travaillés que ses joueurs empêchent la défense adverse de lire le jeu. L’ancien entraîneur guingampais simule une pression mise par l’adversaire, dos au but, sur plusieurs appels initiaux de ses joueurs. Abdou Traoré prend la place de Valentin Vada en tant que meneur de jeu, un poste conforme à sa position de formation, plus offensive. Jocelyn Gourvennec arrête le jeu et reprend Gaëtan Laborde « Non, viens plus haut Gaëtan, je ne veux pas que vous soyez sur la même ligne. » Le jeu redémarre, et Laborde, servi en profondeur, pique son ballon au dessus de Poussin. La balle passe à côté et, simultanément, un « Mets-le » rageur sort de la bouche d’Eric Blahic. Après deux ou trois nouvelles actions, de l’irritation commence à être palpable dans le ton employé par Jocelyn Gourvennec. « Les gars, vous êtes tout le temps sur la même ligne, c’est pas possible » s’agace l’entraîneur bordelais.

 

Les commentaires s’enchaînent de la part de l’entraîneur girondin qui s’adresse cette fois-ci au jeune Jorris Romil qui vient de perdre son duel face au gardien : « Jorris, il y a mieux à faire qu’un extérieur du gauche. » Nicolas Maurice-Belay qui enchaîne les débordements, distribue de bons ballons, à l’image de ce centre en retrait qui permet à Thelin de marquer d’une frappe à contre-pied, rapidement suivi dans l’efficacité par Kamano qui marque en enroulant son ballon sur une passe en profondeur. Un temps de pause est décrété pour étoffer la séance. L’exercice évolue dans ses possibilités, et le meneur de jeu peut maintenant prendre la responsabilité de ne pas chercher son attaquant après la remise et d’aller lui-même trouver la position de frappe en perforant la défense fictive. Une autre possibilité est donnée, en fonction de la situation, au premier passeur représenté par Vada, d’allonger le jeu au lieu de passer par le meneur de jeu. Jocelyn Gourvennec n’hésite pas à mettre la main à la pâte en montrant comment alerter le joueur par un ballon un peu plus long. La passe de l’ancien milieu offensif rennais est dosée, dans le bon tempo.

 

« Abdou, si le joueur est hors-jeu tu frappes » précise Jocelyn Gourvennec à Abdou Traoré. Le jeu repart et Malcom effectue une belle remise aérienne en une touche dans l’axe, sur une passe longue de Vada, pour Thelin qui file face à Poussin, lequel sort la frappe au sol. « Superbe » se réjouissent au même moment Jocelyn Gourvennec et Eric Blahic, satisfaits de l’initiative rapide de Malcom. « Allez, soyez créatifs les garçons » encourage Jocelyn Gourvennec. « Vous avez beaucoup de possibilités. Maintenant ce sont les déplacements qui dictent le jeu, il ne faut pas se tromper » explique l’entraîneur bordelais à ses joueurs. L’exercice est monté crescendo se rapprochant des conditions de match. Eric Blahic, très attentif à la deuxième séquence de l’action, suite aux centres, râle après une action en manque de mordant : « Variez vos déplacements, c’est trop lisible pour les gardiens. » Jules Koundé, à droite, place un centre équilibré, ni trop haut, ni trop bas, qui permet à Kamano de faire une tête plongeante gagnante. « Bien joué François » encourage Eric Blahic. Après une action mal négociée par Laborde, Jocelyn Gourvennec, légèrement désappointé par le choix de son joueur, effectue une remontrance : « Gaëtan, si tu joues ton ballon en une touche, ton coéquipier est bien. Si tu la joues en deux c’est trop tard. Vous devez sentir le jeu. Tu fais ton amorti de la poitrine, et c’est trop tard, il est hors-jeu. Tu dois le sentir ça. » Sur le centre en deuxième intention, Laborde se refait en se couchant et en réalisant une demi-volée suite à une passe précise de Youssouf, mais Prior sort le ballon qui ne manquait pas de force. Le jeune attaquant bordelais trouve les filets sur une action plein axe en concluant d’une frappe épurée dans le petit filet. « Allez, on joue le deuxième ballon et on reste là-dessus » prévient Jocelyn Gourvennec dans le même timing. « Allez un bon centre » demande Eric Blahic avec un peu de pression dans la voix pour terminer la séance sur une bonne note. Youssouf s’applique, mais la frappe de Laborde, à la réception du centre, passe largement au dessus. On en restera là. Si la majorité des joueurs s’échappe en direction des vestiaires, un petit groupe formé par Ounas, Arambarri, Youssouf, Malcom et Romil reste pour s’exercer aux coups-francs. Eric Blahic en avise Franck Mantaux pour que Gaëtan Poussin reste sur place. Un peu en retrait, côté grillage et spectateurs, Jocelyn Gourvennec devise avec Eric Blahic, tout en gardant un oeil attentif sur le travail de ses joueurs. « Malcom » appelle l’entraîneur bordelais qui se rapproche de son joueur et lui mime une meilleure position pour frapper le ballon. Le jeune brésilien, sur le coup-franc suivant, trouve le mannequin. « Tu accélères trop » lui explique Jocelyn Gourvennec. Pendant que la séance de coups-francs s’étire, sans trop de réussite pour les tireurs, Vada, Laborde, et Pellenard, rapidement rejoints par Kévin Plantet, terminent sur un tennis-ballon. À côté de ce groupe, Thelin frappe dans le but vide. Une habitude prise par l’attaquant suédois après certaines séances. Pour régler la mire… Et se tenir prêt à une éventuelle apparition face à Monaco.

 

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan

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