Carnet d’entraînement : Pas de trêve pour le travail

23/03 - 18:56 | Il y a 8 ans

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Jeudi 23 mars 2017 : Les joueurs girondins ont participé à un entraînement relevé fait d’oppositions intenses pendant près de deux heures. Au Haillan, cette saison, trêve internationale ne rime pas avec douceur.

Le vent souffle sur la plaine des sports du Haillan et le froid s’est de nouveau invité, donnant un air maussade au centre d’entraînement des Girondins recouvert par de longs bancs de nuages sombres. Les quelques spectateurs présents devinent que la séance sera elle aussi rigoureuse au regard des plots disséminés aux quatre coins du terrain accompagnés de diverses planches, petits buts et grandes cages délimitant deux terrains de jeu distincts. Les gardiens sont les premiers à trouver refuge dans leur sanctuaire, représenté par un petit coin du terrain proche des vestiaires des jeunes girondins. Cédric Carrasso et Franck Mantaux ainsi que Jérôme Prior et Over Mandanda, s’échauffent en se passant de petits ballons de volée et en les captant des deux mains, à un mètre les uns des autres. Les visages sont sérieux, concentrés. Les joueurs de champ, eux, sont à l’opposé du terrain et écoutent religieusement les consignes d’Eric Blahic pendant deux à trois minutes. Un « allez » tonitruant retentit et le groupe se met en marche en plaçant une grande accélération avant de ralentir dans le premier virage et d’entamer le premier de deux tours de terrain. Le groupe est nombreux malgré l’absence des internationaux, signe d’une équipe où les blessés se font rare. Seuls Younousse Sankharé et Jérémy Toulalan, en plus de Thomas Touré en phase de reprise et des internationaux, ne participent pas à la séance.

Une fois les tours de terrains avalés, deux entités se forment et se positionnent sur deux ateliers similaires, mais à l’opposé sur la pelouse, l’un face à la salle de musculation, l’autre près de l’espace presse. Jocelyn Gourvennec et Eric Blahic managent le premier groupe. L’exercice est dynamique. Le joueur doit enjamber des piquets et slalomer entre des mannequins. Il reçoit un ballon d’un partenaire positionné sur une coupelle à sa gauche, en regardant le centre d’entraînement, et remet l’offrande à son coéquipier qui quitte sa position pour éviter deux piquets en dribblant. Pendant que le premier joueur a pris la place de son coéquipier au niveau de la coupelle, le deuxième, après sa phase de dribble prend appui sur une planche, et trouve un autre joueur positionné à gauche, lequel sert son alter-ego positionné face à lui, et placé au début du circuit de passe. Il s’agit pour le dernier passeur de quitter sa position et de courir à l’opposé - parallèlement au début du parcours - et de rejoindre un groupe de trois qui échange des passes courtes et dynamiques en une touche sous les yeux de Jocelyn Gourvennec. L’un des trois joueurs rejoint le début du circuit lorsqu’un élément vient se substituer à lui. À chaque étape, un joueur prend la place de son partenaire.

Le tour est très dynamique, et obligé les joueurs à travailler sans temps mort et avec une nécessité technique après un bref passage sollicitant une ressource physique. « Allez, on enchaîne, travail d’appuis rapides » précise Eric Blahic positionné au niveau du coeur de l’exercice. « Dynamiques ici à trois, restez au sol, petit jeu, soyez actifs » motive Jocelyn Gourvennec qui se charge d’observer la dernière phase. « Sur la course de retour faites de la course arrière, variez » crie Eric Blahic pour soutenir le ton de la séance et se faire entendre. Jocelyn Gourvennec n’oublie pas de surveiller le groupe des préparateurs physiques Kévin Plantet et Eric Bedouet et distille ses conseils à distance. Les joueurs soufflent, l’exercice est gourmand en énergie. « Ne mettez pas l’extérieur du pied, mettez l’intérieur et jouez des deux pieds au niveau de la planche » demande Eric Blahic qui souhaite faire travailler un maximum de mouvements aux joueurs comme dans les conditions d’un match classique. « Allez, ce sont les 30 dernières secondes » encourage Eric Blahic. L’entraîneur adjoint poursuit : « Je n’ai pas vu un seul joueur faire un grand pont sur le piquet, personne n’a eu cette imagination. Quand je vous dis qu’on fait un slalom, on peut faire ce que l’on veut à l’intérieur. »

Trois coups de sifflet retentissent. Les joueurs vont boire, mais le temps mort est bref et les hommes se dirigent en trottinant à l’opposé des vestiaires. Sur les deux ateliers, les chasubles blanches et rouges s’affrontent. Un groupe prend possession d’un petit terrain avec deux cages occupées par les gardiens, et l’autre, à l’opposé, se positionne sur une autre surface délimitée par quatre mini-buts, l’un faisant face à l’autre qui lui tourne le dos. « Ce que je demande à Carrass et à Jé, c’est de relancer rapidement » explique Jocelyn Gourvennec qui se charge de l’opposition avec gardiens. La petite surface oblige les joueurs à mettre beaucoup de rythme. « Serre Diego, serre » demande avec poigne Jocelyn Gourvennec sur une défense de Diego Contento. Dès qu’un ballon sort, l’entraîneur bordelais, positionné au centre, relance le jeu sans temps mort. Plasil travaille face à Sabaly et trouve Contento dans l’axe. Le défenseur allemand place une frappe rasante du gauche qui bat Prior. « Allez les gars, c’est physique, pas de cadeaux » motive Eric Bedouet en lisière du jeu. « 30 secondes » informe Jocelyn Gourvennec. « Allez les gars, c’est bientôt fini, allez on serre. » Eric Bedouet ne lâche pas, mâchoires serrées. Jocelyn Gourvennec siffle après dix bonnes minutes de jeu. « Bien joué les garçons, très bonne séquence » se réjouit l’entraîneur bordelais.

Les deux groupes de joueurs migrent rapidement vers la moitié de terrain la plus proche des vestiaires. Le froid ne fait pas de l’entraînement du jour une partie de plaisir d’autant que la pluie s’invite par intermittence. Sur le chemin, Youssouf Sabaly retrouve un soignant du club et s’allonge au sol. Valentin Vada tend une bombe refroidissante que l’on applique sur la cuisse de Sabaly. Le joueur prêté par le PSG se relève et rejoint ses coéquipiers, positionnés en deux rangs face à Eric Blahic, dans le sens de la largeur. Sabaly s’étire, se touche la cuisse, teste sa jambe en faisant de petits appuis. Dans ce nouvel exercice, Eric Blahic se positionne face aux joueurs et indique au dernier moment avec ses deux mains, et oralement, le nombre de joueurs de chaque équipe qui iront disputer un match éclair au centre du terrain. Jocelyn Gourvennec, positionné plus loin, lance les ballons au centre du terrain. Le coach bordelais prend la parole avant le début des hostilités : « Pas plus de 30 secondes de jeu, je coupe si ça dure trop. » C’est parti. Le jeu va très vite dans les oppositions. Arambarri se dépêtre pour se sortir du marquage. « Débrouille-toi, vas-y » tonne Eric Blahic. Le jeune uruguayen butte deux fois sur Prior avant de conclure. « Trois, deux », « quatre, quatre », tandis qu’Eric Blahic s’applique à mettre les équipes dans l’incertitude et parfois la difficulté, Jocelyn Gourvennec varie ses passes, tantôt au sol, tantôt en l’air. « Deux, un. » Nicolas Maurice-Belay est opposé à Ounas et Kaabouni. « Oh Nico, t’es tout seul » compatit Eric Blahic. Grâce à un bon coup de rein, l’ancien joueur de Sochaux déborde ses adversaires et bat Mandanda du pied gauche. « Il faut marquer » crie Eric Blahic. Jérémy Ménez place une lourd frappe qui trouve le dessous de la barre. « Bien joué Jé. Efficace. » Jocelyn Gourvennec est satisfait. 

« Là il y a du chien » s’enthousiasme Eric Blahic devant les oppositions proposées par ses joueurs. Kaabouni-Ménez sont battus par Traoré et Malcom grâce à un bon piquet de l’international malien qui permet au jeune brésilien de marquer d’une reprise en se couchant. Thomas Touré passe en footing avec David Das Neves et observe ses coéquipiers. « Il faut marquer Jo » encourage Jocelyn Gourvennec. Jorris Romil répond favorablement à son entraîneur en battant Mandanda. L’entraîneur bordelais siffle et gratifie ses joueurs d’un « bien joué. » Pendant que certains vont boire, d’autres joueurs se font retaper à l’image de Valentin Vada qui reçoit un coup de bombe et d’Adam Ounas bandé sous le genou. Le temps froid et humide laisse des marques dans les duels. Rapidement les joueurs traversent de nouveau le terrain et échangent les ateliers. Ceux qui étaient dans l’opposition sur les mini-buts prennent la place de ceux qui participaient au match avec gardiens. Pendant que le jeu redémarre, Youssouf Sabaly regagne les vestiaires en courant et écourte la séance. « Soyez patients. » La voix d’Eric Blahic porte. Romil marque. Ounas l’imite d’un petit ballon piqué et bat Prior de justesse. Mancini frappe au dessus et reste au sol. « Daniel » prévient Jérôme Prior car Jocelyn Gourvennec a de suite remis le ballon en jeu. Après plusieurs minutes d’oppositions, l’entraîneur girondin siffle et renvoie ses joueurs sur l’autre partie du terrain. Pour la dernière fois de la séance. 

« Attention messieurs » prévient Eric Blahic avant de relancer les oppositions avec le nombre de joueurs défini au dernier moment. Les duels sont disputés sous une pluie de plus en plus présente. Après plusieurs temps de jeu disputés, une intervention défensive de Diego Contento sur une frappe d’Ounas vient conclure ce moment de la séance. Après s’être de nouveau hydratés, les joueurs se positionnent sur le terrain, qui est élargi pour l’occasion. Eric Blahic débarrasse les abords de l’espace de jeu du matériel. Jocelyn Gourvennec donne ses consignes pendant que Malcom enfile une chasuble jaune fluo et fera office de joker dans le jeu. Si une équipe joue en attaque placée, elle doit jouer avec Malcom positionné en tant que meneur de jeu. À l’inverse, une attaque rapide doit se passer de transition par le jeune brésilien. Le match débute et le rythme est logiquement plus lent après une heure et demi d’efforts et une surface de jeu augmentée. Romil hérite d’une passe en retrait et frappe à bout portant, Carrasso sort le ballon de justesse. Malcom est attentif, aux aguets, et suit tous les mouvements en se rendant disponible pour ses coéquipiers.

Contento ouvre le score pour les blancs d’une bonne frappe du gauche impossible à arrêter pour Prior. Les rouges égalisent par Pallois. Eric Blahic qui a terminé le rangement du matériel, se positionne derrière les buts de Cédric Carrasso. « Il y a trop de monde à l’intérieur, vous n’avez pas de profondeur » remarque l’entraîneur adjoint. Ounas dos au but se retourne rapidement et marque. Sur l’action suivante, Malcom feinte une frappe face à Carrasso et marque en finesse. Les joueurs changent de camp. La séance s’étire. Derrière les vitres du pré-fabriqué réservé aux journalistes, quelques visages qui observent la séance laissent penser que les gens de la presse sont là. Les gardiens se font entendre, les joueurs de champ beaucoup moins. Jérémy Ménez enroule depuis la gauche mais Adam Ounas est trop court pour reprendre le ballon de la tête. Diego Contento confirme son regain de forme, plaçant une frappe sèche du pied droit repoussée par Carrasso sur Romil qui marque malgré la deuxième main du gardien bordelais. Ménez est dans un bon jour et fait parler sa vision du jeu en trouvant Maxime Poundjé, depuis le droite du terrain cette fois-ci. La passe de l’ancien milanais, en diagonale, fuse, et le latéral bordelais peut conclure seul face au but.

Les rouges et les blancs arrivent à égalité à la fin de la séance et Jocelyn Gourvennec décrète que les vainqueurs seront désignés après une séance de tirs aux buts. « Les perdants ramènent les cages » avertit l’entraîneur girondin. Carrasso arrête le premier pénalty de Romil, Contento et Vada ne tremblent pas. Gaëtan Laborde frappe à côté et part la tête basse, invectivé par un Nicolas Pallois râleur mais dans un rôle de bougon sympathique. Mancini frappe au dessus, rééquilibrant la séance. Personne ne se détache. « Allez Jules, elle est pour toi minot » encourage Prior à l’adresse de Koundé qui ne tremble pas. Arambarri, doué dans l’exercice des coups de pieds arrêtés, trouve le dessous de la barre, à l’instar de Plasil. « C’est l’expérience ça les gars » commente Eric Blahic. Tous les joueurs ont tiré et l’égalité perdure. Les gardiens s’y collent. Carrasso prend son élan et trouve le poteau. La pression est sur Jérôme Prior qui place une frappe lourde à droite de Carrasso. Le gardien international bordelais plonge et claque le ballon vers l’extérieur. La série repart sur Jérémy Ménez qui trouve la barre. La frappe de l’ancien joueur du PSG est assez puissante pour partir en sens inverse et finir sa course sur le poteau de la cage opposée, décrochant un sourire au tireur et à l’ensemble des joueurs. Daniel Mancini a la balle de la victoire pour les blancs et ne se fait pas prier pour conclure cette fois-ci. « Allez les rouges, soyez courageux » chambre Eric Blahic. L’équipe de Ménez, Arambarri ou Pallois s’attelle à la tâche et ramène les cages mobiles en bordure de vestiaires. Le soleil perce et vient saluer les joueurs qui rentrent aux vestiaires après les avoir délaissés pendant l’ensemble de la séance. Epilogue d’une séance rude, intense, signe d’une vraie montée en puissance du groupe girondin avant un final qui s’annonce appétissant.

 

Par Florian RODRIGUEZ au Haillan.

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