Vingt Deux, voilà Bordeaux

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Janvier est décidément le mois des coupes. Bien que nous soyons particulièrement heureux de la réussite girondine et des qualifications successives, il faut reconnaitre que chaque avant-match est un combat à écrire pour ne pas tomber dans la répétition ennuyeuse, les poncifs pénibles ou dans l’entassement de nouvelles que vous connaissez tous déjà.

Les constats n’ont pas changé et le contexte est le même : La défense est toujours en question, le Mercato au point mort et nous faisons toujours confiance aux jeunes par choix mais surtout par nécessité. Ne vous méprenez pas, on pourrait broder, paraphraser et remplir un petit article sans intérêt, mais un dernier carré, même en coupe de la ligue, mérite un petit effort. Alors, en cherchant bien, nous tenions notre idée. Nous nous sommes intéressés à notre histoire et précisément à toutes nos demi-finales jouées dans  une compétition hexagonale.  Nos exploits bien sûr, mais aussi nos moments de honte. Le titre est assez équivoque. Bordeaux joue ce soir sa vingt deuxième demi-finale de son histoire (en espérant que nous n’avons oublié personne…) pour un bilan honorable, l’histoire se répète elle ? Et si vous veniez avec nous pour un petit voyage dans le temps. Sans DeLorean bien sûr et sans Doliprane non plus… 

 

Les matchs de Zone, ou les bizarreries de la guerre

• 1941 : Bordeaux 3-1 Red Star 
• 1943 : Bordeaux 2-1 Lens 

 

En pleine deuxième guerre mondiale, dans la France de Pétain, on continuait de jouer au Football. On peut s’étonner que des plaisirs aussi futiles qu’une compétition sportive puissent continuer à vivre presque comme si de rien n’était. Mais la vie continuait, les théâtres se remplissaient, le septième art continuait son essor et le peuple continuait à s’intéresser au Football comme pour mieux oublier les heures sombres, le joug nazi et un régime pétainiste complaisant. Pendant la guerre, les girondins ont un effectif ambitieux. L’équipe est athlétique, rapide, inspirée du style de jeu britannique. Pour se hisser en finale, il fallait remporter sa « Coupe de zone ». La France était divisé en trois zones (interdite, occupée et libre). En 1941, les girondins dominent de la tête et des épaules la saison, mais la finale est le match le moins réussi paradoxalement selon les témoignages de l’époque. Ce sont les deux premières demi-finales de Bordeaux, comme une petite histoire dans une grande Histoire ….

Des duels contre le LOSC, le titre de Galice

• 1947 : Lille 3-0 Bordeaux
• 1952 : Bordeaux 2-1 Lille après Prl

 

Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons les Lillois dans le dernier carré. Après une période faste, Bordeaux conserve ses ambitions mais la concurrence est plus féroce, plus dense surtout. Bordeaux parvient à se hisser deux fois en demi-finale et à chaque fois, Lille en était l’adversaire. En 1947, les Girondins n’ont aucune chance et s’incline lourdement dans le Nord. Mais en 1952, Bordeaux tient sa revanche. Après un match épique, Lille cède en prolongation offrant à René Galice l’ivresse d’une finale. Résistant et engagé sur le front, il n’avait pas pu jouer les finales de 1941 et de 1943. En 1952, il savoure sa finale, lui qui a perdu ses belles années pendant la guerre. Figure emblématique du club, René Galice ne compte qu’une seule petite sélection en équipe de France. N’oubliez pas que la guerre est passée par là. Ce conflit a marqué les hommes et tuait dans l’œuf les aspirations sportives d’une génération entière. Mais tout cela est bien dérisoire au regard des monstruosités de la guerre. L’édition de 1952 restera le dernier titre en coupe avant un moment, un long sommeil de 34 ans. René Galice est encore présent dans le groupe lors de la finale de 1955 mais il vit sa dernière saison. Il deviendra par la suite directeur sportif. Les ultras ont lancé une consultation pour donner un nom symbolique à la nouvelle enceinte Girondine. Et devinez quel nom a suscité une certaine unanimité? 

La malédiction de la dernière marche

• 1955 : Bordeaux 3-2 Nice
• 1957 : Angers 1-0 Bordeaux
• 1961 : Sedan 1-0 (2-2) Bordeaux / Match d’appui
• 1964 : Bordeaux 2-0 Nantes
• 1968 : Bordeaux 2-1 Quevilly (CFA) après Prl
• 1969 : Bordeaux 4-3 Sedan (en aller/retour)

 

Six, oui six demi-finales pour aucune victoire. Les girondins auraient pu devenir une sorte de Stade Rennais avant l’heure. On ne va pas se mentir, nous n’avions pas le temps de passer des heures aux archives pour en savoir beaucoup plus. Mais les faits sont têtus et assez évidents, les Bordelais ont échoué à chaque fois. Lille prendra sa revanche en 1955 (on en a parlé juste au-dessus, suivez un peu !!), gâchant une qualification au bout du suspens contre Nice. Dans les années 60, les Bordelais rencontre par deux fois les footballeurs ouvriers de Sedan pour un bilan équilibré. En 1968, les Girondins se font peur et s’impose de justesse contre équipe amateur qui fera parler d’elle quelques décennies plus tard, Quevilly. De ces succès en demi, les girondins n’en tireront pas profit s’inclinant contre Lyon, Saint Etienne ou contre Marseille. Lors de cette dernière finale, notre défenseur offre la victoire aux Marseillais en marquant contre son camp à dix minutes de la fin. Son nom ? Papin …tout un symbole.

Les années Bez

• 1986 : Paris SG 2-3 Bordeaux (en aller/retour)
• 1987 : Bordeaux 2-2 Ales (D2) (en aller/retour)

 

Que serait Bordeaux sans l’emblématique moustachu ? Pas grand-chose probablement. Bordeaux remportent deux coupes de France consécutivement en s’imposant à chaque fois contre le rival marseillais. Pour y parvenir, les Bordelais éliminent difficilement le spécialiste des tirages au sort et de la coupe le PSG et l’année suivante l’équipe surprise venue de Ligue 2 Ales. Mais nous ne retiendrons que les finales, deux victoires qui restent vives pour ceux qui ont eu le bonheur de les vivre. En 1986, le Bordeaux de Giresse domine un Marseille où évoluait un certain José Anigo, Di Meco restant assis sur le banc. L’année suivante, Gigi comment l’impaire de signer chez l’ennemi. On se souvient du traitement particulier lors de son retour en gironde avec les tacles hérités du karaté de René Girard. La finale s’annonce tendue, elle le sera. Tigana et ses hommes lèvent la coupe de France. Comment se douter à ce moment-là qu’il faudra encore attendre 26 ans pour se hisser à nouveau à ce stade. 

• La honte à Calais

• 2000 : Calais 3-1 Bordeaux après Prl

Quand le Champion de France en titre se déplace à Calais, personne n’ose imaginer une défaite contre une équipe amateur. Certes, les calaisiens ont à leur actif quelques exploits porté par une vague populaire sans précédent et défrayant même la chronique nationale. Mais Bordeaux arrive en champion, avec, en prime, l’expérience de la deuxième phase de poule de la Ligue des Champions. Et pourtant… Dès le début du match, le piège semble se refermer. Quand les calaisiens étaient survolés, nos joueurs semblaient s’endormir. Après un triste 0-0 dans le temps règlementaire, les deux équipes s’engouffrent pour une prolongation qui sera fatale à l’ex champion de France. Les girondins sombrent et l’égalisation de Laslandes sera vaine. Il faudra encore attendre pour jouer la Finale de la coupe Nationale.

Le retour en coupe de France

• 2003 : Paris 2-0 Bordeaux
• 2013 : Troyes 1-2 Bordeaux

 

En 2003, les girondins vont enfin à Paris en coupe de France… mais c’est pour affronter le PSG et s’incliner en ½ Finale. Passons rapidement ce match. Dix ans plus tard, en 2013, Bordeaux gagne dans l’Aube contre Troyes. Le match avait été reporté, Bordeaux connait donc son potentiel adversaire en finale avant de jouer à Troyes. Brechet offre la qualification aux girondins en marquant contre son camp. Diabaté avait égalisé juste avant la fin de la première mi-temps dans un match qui semblait mal embarqué. Le club remercia Brechet en lui faisant signer un contrat à l’issue de la saison. Bon ça valait le coup dans le fond car la coupe de France sauva une saison bien terne et 26 ans après, Bordeaux soulève, à nouveau, la coupe.

• Invaincu en coupe de la ligue

 

• 1997 : Bordeaux 2-2 Montpellier Tab
• 1998 : Bordeaux 1-1 Auxerre Tab
• 2002 : Paris SG 0-1 Bordeaux
• 2007 : Reims 1-2 Bordeaux
• 2009 : Paris 0-3 Bordeaux
• 2010 : Lorient 1-4 Lorient

 

C’est le scoop de l’article, la news qu’il ne fallait pas manquer. Les girondins sont invaincus en ½ finale de la coupe de la ligue, voilà qui est prometteur, vous en conviendrez. Décriée, boycottée, moquée de toute part, cette coupe n’a pas l’aura de sa grande sœur. Loin s’en faut. Les stades ne se remplissent que lors des derniers matchs et les coachs préfèrent souvent les remplaçants et les jeunes aux titulaires lors des premiers tours. Mais voilà,  elle est spécialement calibrée pour les équipes de l’élite. En quelques matchs, on peut se retrouver en finale et se qualifier pour une compétition continentale. Bordeaux a toujours pris très au sérieux cette compétition et les anecdotes ne manquent pas. En 1998, lors de la séance de tirs au but, Gilbert Bodart avait une petite liste préparée avec les spécificités des tireurs Strasbourgeois. Lors de l’édition précédente, Bordeaux terminent aux pénaltys trois matchs de suite (Caen, Montpellier) ne perdant que la dernière séance (la plus importante) contre le PSG après un match haletant. Mais  s’il n’y avait qu’une seule image à garder de la coupe de la Ligue en Gironde, c’est sans aucun doute ce coup de boule monstrueux d’Henrique qui crucifie Lyon à la dernière minute en 2007. Lyon paraissait tellement plus fort. Et Henrique revenait de tellement loin.

Le déplacement à Lille peut offrir une septième finale aux Girondins. Il faudra tenir à l’extérieur contre une équipe nordiste forcément revancharde après sa défaite surprenante contre Troyes, à domicile, le weekend dernier. Bordeaux est dans une meilleure dynamique mais ça ne garantit en aucun cas une victoire. Les statistiques, par contre, sont clairement plus à l’avantage des girondins (enfin, ça ne garantit pas la victoire non plus, qu’on soit bien d’accord). En effet, Bordeaux joue demain sa vingt deuxième ½ finale. Seize fois, ils sont parvenus en finale !! Ce soir, nos joueurs ont l’honneur de suivre les pas de leurs ainés, à eux de saisir leur chance. Ne manquez pas ce rendez-vous à Lille à 21h au Grand Stade et sur France 2 pour un ticket pour une nouvelle page de notre histoire. Notre vingt deuxième ½….

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