Exclu - Arnaud Ramsay : « Certains historiques se plaignent du caractère de Sagnol »
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Journaliste pour France Football, intervenant sur I-Télé, Arnaud Ramsay fait le tour de l'actualité bordelaise en exclusivité pour Web Girondins.
Web Girondins – Revenons brièvement sur le mercato hivernal, durant lequel Bordeaux a recruté 4 joueurs (Debuchy, Arambarri, Malcom, Bernardoni) et s'en est séparé de 3 autres (Khazri, Saivet, Laborde). Quel bilan en dressez-vous ?
Arnaud Ramsay - C'était un mercato particulièrement animé pour Bordeaux, « la belle endormie ». Dans un premier temps, j'étais plutôt curieux de voir partir des joueurs comme Saivet et Khazri, à savoir des éléments qui apportent du liant et de la technique. Malcolm, comme beaucoup de monde, je ne le connaissais pas. Quant à Debuchy, c'est une bonne trouvaille. C'est quelqu'un d'intelligent, aussi bien dans la vie que dans son jeu, qui veut participer à l'Euro 2016 avec les Bleus. En ce qui concerne Bernardoni, ses premières sorties se sont avérées décevantes. Globalement, dans un mercato ennuyeux, celui des Girondins a ramené un peu de vie. Même si cela tarde pour le moment à porter ses fruits...
Les Girondins connaissent une hécatombe de blessés. Est-ce un hasard ou une mauvaise gestion ?
Comme Arsenal ou Lyon, Bordeaux a des joueurs blessés de façon récurrente. On peut penser que le médecin de ces clubs a une certaine responsabilité. Mais quelqu'un comme Debuchy avait peut-être envie de jouer très vite. Concernant Bordeaux, je ne crois pas qu'il s'agisse d'une mauvaise gestion, il n'y pas vraiment de raison particulière à cette hécatombe. Et cela peut permettre éventuellement à certains joueurs de se révéler.
Willy Sagnol et son staff n'ont pas non plus de responsabilités à ce niveau ?
C'est assez compliqué de porter un jugement. Chaque cas est particulier. Sagnol est assez exigeant. L'est-il trop ? Pour revenir sur Debuchy, il s'est blessé au mauvais moment, sachant que Didier Deschamps s'apprête à donner sa nouvelle liste. La blessure, c'est souvent dans la tête. Une telle cascade de blessés, c'est étonnant. Mais je pense que c'est plus de la malchance qu'autre chose dans le cas de Bordeaux. Il ne faut pas accabler Sagnol à ce sujet. Le coach doit être plutôt critiqué en raison de son mode de gestion ou du schéma tactique qu'il utilise.
Comment jugez-vous le travail de Willy Sagnol depuis son arrivée à Bordeaux en 2014 ?
J'ai écrit un livre sur Michel Platini (Président Platini, aux éditions Grasset). Comme lui, après sa carrière de joueur, le destin de Sagnol a été un peu fracassé. Ce dernier, je me suis occupé de son site Internet, je sais qu'il possède une vraie personnalité. Il est arrivé à Bordeaux avec son étiquette de finaliste du Mondial 2006 et de vainqueur de la Ligue des champions en 2001. C'est un homme de caractère, jeune, et qui incarne l'avenir. Depuis son arrivée, il a montré sa force de conviction, a commis des maladresses et a dû composer avec les moyens du bord. Il s'est retrouvé un peu prisonnier du fonctionnement de M6. Après, le jeu qu'il fait pratiquer à son équipe paraît souvent décousu. C'est quelqu'un qui se vexe quand on lui dit que c'est plus soporifique que sous Francis Gillot. Mais il demeure un jeune coach. Personnellement, j'aime sa personnalité, même si j'entends dire qu'il est très dur avec ses joueurs. Certains historiques, que je ne nommerai pas, se plaignent de son caractère. Ce n'est pas un homme qui transige beaucoup. Ce n'est pas non plus un manager comme Wenger à Arsenal avec une vue globale sur le club.
« Si Jack Ma veut se faire plaisir, il vaut mieux qu'il achète du vin »
Il est lié au club aquitain jusqu'en juin 2017. Pensez-vous qu'il ira au bout de son contrat ?
Je pense que oui. Je ne suis pas sûr qu'il soit courtisé par le Barça ou le Bayern (rires). Après, il pourrait être licencié, mais ce n'est pas la tendance. Je ne crois pas à cette option. En France, je l'imagine mal ailleurs qu'à Bordeaux, même si Lyon l'avait courtisé pendant un temps. Il possède le potentiel pour devenir un excellent coach.
Ces dernières jours, le serpent de mer d'un repreneur chinois pour Bordeaux a refait surface. Jack Ma, deuxième homme le plus riche de Chine avec une fortune estimée à près de 27 milliards d’euros, qui reprendrait Bordeaux, cela vous semble crédible ?
On sait qu'il vient d'acheter le Château de Sours, un vignoble bordelais. Il y a quelques années, j'avais été voir Nicolas Anelka et Didier Drogba lorsqu'ils évoluaient dans le championnat chinois. Aujourd'hui, celui-ci est en pleine expansion. Les Chinois ont des parts dans l'Atletico de Madrid, ont racheté la D2 portugaise... Après, si jamais Jack Ma veut se faire plaisir, il vaut mieux qu'il achète du vin qu'un club de foot (rires). Mais pourquoi pas ? Bordeaux est une belle marque, une jolie ville, son équipe de football est renommée. Néanmoins, quand les rumeurs s'éternisent comme ça, ce n'est jamais vraiment bon signe.
Êtes-vous inquiet par les faibles affluences au Matmut Atlantique ?
Inquiet, ce serait un grand mot, mais il s'agit d'une anomalie. Les conditions d'accès à l'enceinte sportive sont compliquées. Pour le moment, ces affluences sont décevantes.
En tant que journaliste, quel est votre meilleur souvenir des Girondins ?
Avant d'être journaliste, j'ai été vraiment marqué par l'équipe dans laquelle évoluait Alain Giresse, sous les ordres d'Aimé Jacquet. J'ai encore en mémoire la frappe magistrale de Patrick Battiston face à la Juventus Turin en 1985, en Ligue des champions. Comme journaliste, j'avais couvert la finale de la Coupe de la Ligue 2002, lors de laquelle Bordeaux avait facilement battu Lorient (3-0). Christophe Dugarry était capitaine ce soir-là, Pauleta avait marqué un doublé, c'était une belle équipe...
Propos recueillis par Arnaud Lapointe